Dire à voix haute qu’on est sorti déçu de chez le coiffeur, c’est presque transgresser un code tacite. On préfère souvent ravaler sa frustration, sourire poliment et filer droit, quitte à ruminer longtemps ou à chercher ailleurs. Pourtant, les salons sont nombreux à accepter de reprendre une coupe, à corriger une couleur, à condition que la critique arrive sans éclats et dans le respect du travail accompli.
Ils sont rares, ceux qui osent faire entendre leur déception. Beaucoup optent pour la fuite ou laissent un commentaire sec sur internet, sans jamais confronter le professionnel. Pourtant, une remarque claire, nuancée, ouvre souvent la voie à une solution, sans froisser personne et sans rajouter de tension inutile.
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Pourquoi l’insatisfaction chez le coiffeur reste un sujet tabou
Le miroir ne ment jamais. On peut bien détourner le regard, le reflet d’une coupe ratée ou d’une couleur à côté de la plaque saute aux yeux, et la gêne s’installe. L’insatisfaction au salon de coiffure, c’est un secret mal gardé. Jérôme Guézou l’explique sans détour : la déception, surtout sur la couleur, hante les salons plus souvent qu’on ne veut l’admettre. On ne parle pas de simples cheveux coupés trop courts, mais de l’atteinte directe à l’image que l’on porte au quotidien.
Le malaise s’installe vite. Personne n’a envie d’être catalogué « client difficile » ou de heurter un professionnel qui s’investit. Pourtant, un client déçu, c’est une réputation qui s’écorne, parfois bien plus qu’un client ravi ne contribue à la renforcer. L’UNEC le constate : une faille, même minime, fait le tour des réseaux sociaux à la vitesse de la lumière, alors que les compliments se perdent dans le silence.
Pour comprendre la diversité des réactions, voici les profils d’insatisfaction que l’on croise chez le coiffeur :
- Les affectifs, pour qui une coupe décevante tourne au drame personnel
- Les procéduriers, qui cherchent à tout prix réparation ou compensation
- Les opportunistes, toujours prêts à tirer avantage d’une situation
- Les sincères, qui souhaitent simplement être entendus
Chloé, coiffeuse à Paris, en témoigne : « La plupart des clients se taisent. » Le mécontentement, quand il ne s’exprime pas sur place, finit parfois sur une fiche Google ou un forum, ce qui contribue à fausser la perception du salon. Les clients heureux, eux, passent rarement le mot, et le déséquilibre s’installe.
Déception, problème chez le coiffeur, réputation abîmée : ces mots circulent, alimentant la gêne. Pourtant, un vrai dialogue serait bien plus sain, pour le client comme pour le professionnel.
Quand et comment aborder le problème sans crisper la relation
Exprimer son désaccord à son coiffeur, ce n’est jamais évident. Même les habitués hésitent à franchir le pas. Chloé, habituée à ces situations, conseille d’adopter un ton constructif et de reconnaître qu’une erreur a pu se glisser, sans remettre en cause la compétence du professionnel. L’idéal, c’est d’aborder le sujet dès la fin de la prestation, avant de quitter le fauteuil. Attendre, c’est risquer de laisser le malaise s’installer et de repartir avec une frustration qui va s’envenimer.
Pour préparer ce dialogue, quelques réflexes sont utiles. Arriver avec les cheveux propres, surtout pour toute prestation de coloration, facilite le travail et limite les surprises. Telesa Brown insiste sur ce point : la base de la chevelure influe sur le résultat. Apporter des photos, utiliser des mots précis, expliquer ses envies sans détour, tout cela aide à éviter les malentendus.
La communication au salon mérite un cadre. Mieux vaut laisser de côté les sujets épineux, comme la politique ou l’argent, pour garder l’échange apaisé. Booksy, plateforme de réservation, l’a compris et propose même de noter ses préférences de conversation. De son côté, le professionnel doit accueillir la critique sans se braquer, proposer des pistes d’amélioration et garder son sang-froid. Édouard raconte : « Une cliente était déçue de sa frange. On a pris le temps d’en discuter, on a ajusté, elle est repartie apaisée. »
Dire ce qui cloche, sans hausser le ton ni tomber dans la complaisance, c’est ce qui fait la différence. Quelques mots bien choisis suffisent à protéger la qualité de la relation, l’image du salon et, au passage, l’estime de soi.
Des phrases clés et attitudes pour se faire entendre avec respect
Face au coiffeur, il s’agit de choisir ses mots et ses gestes. Exprimer sa déception au salon, c’est d’abord miser sur le concret, sans détour inutile. Chloé recommande d’opter pour des formulations objectives, qui exposent les faits sans pointer du doigt. Oubliez les reproches, privilégiez les constats : « Je remarque que la couleur tire sur le cuivré, alors que nous avions parlé d’autre chose. » Ou bien : « La longueur sur les côtés ne correspond pas à la photo montrée. »
Pour s’y retrouver, voici quelques attitudes à privilégier :
- S’appuyer sur des références visuelles : une photo, une mèche, ou une nuance précise sur le nuancier. L’image clarifie le propos, évite les malentendus.
- Adopter une posture collaborative : « Que pouvons-nous envisager pour s’approcher davantage du résultat souhaité ? »
- Écarter les jugements personnels : le débat se focalise sur le ressenti, les attentes, jamais sur la valeur du professionnel.
La manière de s’exprimer compte tout autant : rester assis, croiser le regard dans la glace, respirer posément. Le professionnel, lui, doit écouter, proposer un ajustement, ou expliquer ce qui n’est pas faisable. Une communication réussie ne s’impose ni par la confrontation, ni par la soumission, mais par une alliance ponctuelle autour d’un objectif commun.
Certaines phrases désamorcent les tensions : « Je comprends que ce soit complexe, mais je me sens décalé(e) par rapport au rendu. » Ou : « J’aimerais qu’on trouve ensemble une solution. » La réputation du salon, tout comme votre satisfaction, se joue souvent dans ces échanges brefs mais décisifs.
Que faire si le dialogue n’aboutit pas : options et recours à envisager
Il arrive que la discussion tourne court, que les solutions proposées ne vous conviennent pas, ou que la confiance se fissure. Si l’échange direct n’apporte rien, il existe d’autres moyens d’agir sans pour autant dramatiser la situation. La relation client-salon est encadrée, et certains réflexes permettent de faire valoir ses droits calmement.
Pour avancer, voici les démarches à connaître :
- Demander une facture : tout salon a l’obligation de vous la remettre si vous la réclamez. Ce document formalise la prestation, sert de preuve en cas de désaccord et rappelle que les prix doivent être affichés.
- Solliciter un médiateur de la consommation : chaque salon doit proposer ce recours. Un tiers indépendant, comme prévu par le Code de la consommation, peut aider à trouver une solution à l’amiable.
- Contacter l’UNEC (Union nationale des entreprises de coiffure) en cas de conflit tenace. Cette organisation accompagne les professionnels mais peut aussi informer les clients sur les démarches à entreprendre.
La plainte formelle reste rare, mais elle existe si nécessaire : un courrier recommandé au gérant du salon, puis, en l’absence de réponse, un signalement auprès de la DGCCRF. Le salon doit se plier au Code civil et vous informer des risques liés aux produits utilisés. Tout défaut d’information ou d’affichage constitue un manquement. Pour les litiges concernant la couleur, plus fréquents que ceux sur la coupe selon Jérôme Guézou, pensez à conserver des preuves : photos, échanges écrits, tout élément qui pourra appuyer votre demande.
La façon dont le salon gère ces situations façonne sa réputation, parfois bien plus qu’une avalanche d’avis enthousiastes. Un client qui s’estimera lésé, surtout s’il agit avec méthode ou sincérité, pèsera durablement sur l’image de l’établissement.
Au bout du compte, faire entendre sa voix chez le coiffeur, c’est défendre son reflet autant que le dialogue. Et parfois, c’est ce face-à-face, aussi bref soit-il, qui redessine la confiance, ou la brise pour longtemps.

